Une nouvelle stratégie pour les infrastructures de recherche françaises
La Feuille de route nationale des infrastructures de recherche 2021 s’enrichit d’une analyse stratégique et met en évidence les pratiques des infrastructures en matière de science ouverte et de données.
La nouvelle Feuille de route nationale des infrastructures de recherche 2021 a été élaborée avec un objectif : garantir une vision compréhensible globale des infrastructures essentielles à la recherche, en s’appuyant sur une véritable analyse stratégique du paysage des infrastructures. Elle s’est construite en cohérence avec la feuille de route du Forum stratégique européen pour les infrastructures de recherche (ESFRI).
Au total, cent huit infrastructures ont été retenues dans la Feuille de route. Pour être sélectionnées, elles devaient répondre à des critères comme : avoir une gouvernance identifiée, disposer d’instances d’évaluation adéquates et d’une programmation budgétaire pluriannuelle.
Cette stratégie renouvelée et ambitieuse s’accompagne d’une prise en compte renforcée des questions de science ouverte, en particulier sous l’angle de l’ouverture ou du partage des données de la recherche. Une analyse dynamique a été menée sur la base du questionnaire de candidature renseigné par les infrastructures. Elle met en évidence plusieurs phénomènes :
- un gradient commun à l’ensemble des infrastructures : l’ouverture des codes et logiciels est la plus avancée car la plus ancienne historiquement, vient ensuite l’ouverture des publications, puis l’ouverture ou le partage des données, qui n’ont été abordés que plus récemment;
- un degré de maturité des politiques de science ouverte différent selon les disciplines scientifiques, avec trois niveaux d’avancement : des politiques en voie de systématisation (information scientifique, physique nucléaire et des hautes énergies, astronomie et systèmes Terre environnement), des politiques en voie de généralisation (sciences humaines et sociales, biologie et santé), des politiques en émergence (infrastructures analytiques et matériaux, énergie, sciences du numérique et mathématiques) ;
- un lien positif entre la maturité des politiques de science ouverte au sein de certains champs disciplinaires et l’existence d’écosystèmes cohérents et structurés d’infrastructures complémentaires.
La Feuille de route nationale dégage trois leviers d’accélération pour une mise en place concrète des pratiques de science ouverte au sein des infrastructures :
- formaliser les stratégies de science ouverte, pour engager durablement les utilisateurs dans la transformation de leurs pratiques, faciliter le dialogue avec les tutelles et favoriser la collaboration entre infrastructures ;
- doter chaque infrastructure d’un identifiant unique de type « funder registry », qui devrait être mentionné dans les publications, données et codes produits grâce à elle, de manière à mieux identifier la contribution des infrastructures à la connaissance scientifique ;
- réduire la tâche d’intégration des données par les équipes de recherche, grâce à la standardisation des vocabulaires de description des données. Le potentiel de retraitement, de réutilisation des données ou d’intégration à grande échelle au sein de grands jeux de données de référence sera ainsi accru.
Le regroupement ou la mise en réseau des métiers de la donnée est un levier de transformation durable des politiques de partage et d’ouverture des données.
Rédigée par la Direction générale de la recherche et de l’innovation (DGRI), la feuille de route a mobilisé un ensemble d’acteurs comme les alliances thématiques, les organismes de recherche, les universités, les infrastructures candidates et le Haut Conseil des infrastructures de recherche. Son élaboration a suivi un processus s’étalant de novembre 2020 à mars 2022.