Nos propositions pour Open Research Europe
Le coordinateur national de la science ouverte a adressé une lettre à Michael Arentoft, responsable de l’unité science ouverte et infrastructure de recherche pour soutenir l’initiative Open Research Europe (ORE), saluer le récent rapport indépendant intitulé Operationalising Open Research Europe as a collective publishing enterprise, et ajouter des propositions, notamment au vu des récentes conclusions du Conseil de l’Union Européenne. Les propositions présentées dans cette lettre concernent les modèles économiques étudiés dans le rapport, des propositions pour l’ouverture plus large d’ORE qui y est suggérée, et des évolutions dans ses politiques éditoriales et même de marque.
La première proposition porte sur l’hypothèse de base du rapport, à savoir un coût fixe de 2 000€ par article publié. Elle suggère que cette hypothèse restrictive découle implicitement du modèle des frais de publication (APC), un modèle qui doit être dépassé pour permettre l’émergence de nouvelles idées, qui pourraient par exemple considérer les coûts de publication dans leur ensemble. Cela pourrait être inspiré, par exemple, par les diverses initiatives éditoriales réunies sous l’appellation « diamant », et en particulier par le rapport de Quentin Dufour, David Pontille et Didier Torny sur le financement de l’édition par le diamant. En effet, le coût unitaire de 2000€ est loin d’être un consensus, et est susceptible de diminuer lorsque le volume d’édition augmente. Il est donc suggéré que le rapport surestime généralement les coûts générés par ORE.
Suite à cette suggestion, la deuxième proposition est une ouverture mondiale non restrictive d’ORE en tant qu’éditeur en libre accès sur le modèle « diamant ». Le principal risque de cette ouverture est de ne pas pouvoir faire face aux coûts qui seraient liés à un succès trop rapide. Si l’on considère la première proposition liée aux coûts, le risque est jugé faible et, s’il se réalise, un succès rapide d’ORE serait une très bonne nouvelle qui l’aiderait probablement à attirer facilement de nouveaux financements. En outre, l’ouverture mondiale d’ORE permettrait de l’aligner sur les récentes conclusions du Conseil européen selon lesquelles le libre accès sans frais pour l’auteur individuel devrait être la norme. Parmi les nombreux autres avantages, citons l’atténuation des inégalités entre les chercheurs, que cela soit entre disciplines ou entre pays.
La dernière proposition est une refonte de la politique éditoriale et de l’identité de l’ORE, afin de se rapprocher des communautés scientifiques en s’adaptant mieux à leurs habitudes et à leurs besoins. Cela pourrait se faire, par exemple, en identifiant ORE comme un éditeur « diamant » en libre accès avec des revues qui pourraient avoir leurs propres politiques éditoriales, et même leur propre marque, au sein d’un cadre commun fixé par ORE. Cela permettrait de mieux répondre aux besoins spécifiques des disciplines et de mieux impliquer les communautés scientifiques : une piste suggérée est qu’ORE devienne compatible avec l’initiative Peer Community In. Suivant la même idée, et en accord avec la politique française qui soutient la bibliodiversité, la lettre souligne enfin qu’ORE ne doit pas être considéré comme la seule et unique solution européenne en matière d’édition « diamant », mais plutôt comme un membre important d’un écosystème d’édition académique vivant et diversifié.