Stratégie nationale des infrastructures de recherche
La Feuille de route nationale des infrastructures de recherche
Édition 2021
Mise en ligne le 8 mars 2022
Avant-propos
Frédérique VIDAL
Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation
La pandémie de COVID-19 a démontré à quel point notre société dépend de la recherche et de l’innovation pour trouver des solutions à des problèmes de grande ampleur. Or, les ruptures scientifiques et technologiques ainsi que la réponse aux grands défis de notre temps nécessitent de plus en plus l’utilisation d’infrastructures de recherche au meilleur niveau. Dans des champs disciplinaires beaucoup plus nombreux que par le passé, les infrastructures sont devenues d’incroyables moteurs de savoirs et d’innovation, des attracteurs de talents, des catalyseurs d’interdisciplinarité, des porteurs d’image et de prestige scientifique. Au service de la communauté scientifique, elles sont un outil essentiel pour la compétitivité de la recherche et de l’innovation nationales. Par leur statut de promoteurs de nouvelles pratiques, elles constituent également un vecteur idéal pour le transfert de connaissances et de technologies vers le monde socio-économique.
Les infrastructures de recherche ne sont pas des outils de travail comme les autres. Elles représentent un actif précieux dans lequel la France investit pour construire son avenir dans le domaine de la recherche et de l’innovation et accompagner les grandes transitions dans lesquelles nous sommes engagés. La longévité des infrastructures, leurs ambitions, leurs coûts sont autant de particularités dont il est important d’apprécier régulièrement la valeur au terme de réflexions stratégiques comme celles qui ont conduit à la publication de la présente Feuille de route. Le renouvellement de la stratégie nationale des infrastructures de recherche s’inscrit dans un mouvement beaucoup plus vaste visant à donner toute sa place à la recherche française dans le monde, en pleine cohérence avec la loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030. Les infrastructures sont appelées à repousser toujours plus loin les frontières de la connaissance, et à participer pleinement aux dynamiques de relance et de transition impulsées par le Plan France 2030 ainsi que par le PIA4.
Au niveau européen, la structuration du paysage des infrastructures se poursuit grâce à Horizon Europe et au Forum stratégique européen pour les infrastructures de recherche (ESFRI), permettant une approche résolument cohérente de l’élaboration des politiques relatives aux infrastructures paneuropéennes.
Notre pays ne peut que se féliciter d’accompagner depuis plus de vingt ans maintenant le développement d’infrastructures nationales et européennes qui ont transformé les pratiques des communautés scientifiques. Leur attractivité repose majoritairement sur l’excellence des personnels, chercheurs, ingénieurs, techniciens et administrateurs hautement qualifiés qui les opèrent. Je tiens à remercier particulièrement les équipes d’exploitation des 108 infrastructures de cette nouvelle édition de la Feuille de route nationale pour la qualité des actions et du soutien à la recherche qu’elles déploient au quotidien.
Les infrastructures de la Feuille de route nationale française doivent figurer sans complexe au premier rang des priorités européennes, fortes de la certitude que des équipements d’excellence soutiennent les projets ambitieux et innovants français et européens, au meilleur niveau scientifique international.
Introduction
Claire GIRY
Directrice générale de la Recherche et de l’Innovation, Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation
Le rôle des infrastructures dans la recherche et l’innovation n’a cessé de croître au fil des années. On peut dire sans exagérer qu’elles constituent aujourd’hui la colonne vertébrale de la recherche pour un très grand nombre de disciplines.
Les infrastructures sont au service de la recherche d’excellence, dans des domaines aussi divers que la physique nucléaire et des hautes énergies, les sciences de la matière, l’astrophysique et l’astronomie, le calcul à haute performance, l’observation de l’environnement, la climatologie, la biologie, les sciences humaines et sociales. Elles présentent un caractère interdisciplinaire de plus en plus marqué, dont résulte une interdépendance croissante entre acteurs de la recherche aux niveaux national, européen et international. L’utilisation d’infrastructures de recherche est devenue, dans la plupart des disciplines, une condition impérative de compétitivité scientifique et de rayonnement international. Elles sont en outre souvent entourées d’enjeux économiques, industriels, voire de souveraineté technologique significatifs.
Les stratégies nationales et européenne dans le domaine des infrastructures de recherche se déclinent à travers des « Feuilles de route ». Cette nouvelle Feuille de route française est la cinquième édition depuis 2008. Elle se distingue des précédentes par la volonté d’afficher une analyse stratégique plus développée du paysage des infrastructures de recherche, ainsi que par une attention renforcée aux questions transversales de la science ouverte et des données, en conformité avec les engagements de la France en la matière. Elle témoigne de la volonté de l’État, par ses grands établissements de recherche et d’enseignement supérieur, de répondre aux exigences en perpétuelle évolution du savoir et de l’innovation. Elle vise aussi à maintenir une complémentarité essentielle avec la stratégie européenne dans le domaine des infrastructures de recherche, qui a récemment évolué à travers la mise à jour 2021 de l’ESFRI roadmap.
Cette nouvelle Feuille de route nationale a été élaborée en poursuivant un objectif principal : exprimer une vision claire des infrastructures essentielles pour la recherche et l’innovation françaises, positionnées dans une analyse stratégique du paysage des infrastructures de recherche.
Véritable innovation de cette nouvelle Feuille de route nationale, l’analyse stratégique du paysage des infrastructures vise à mettre en évidence :
- les grandes questions scientifiques et grands défis sociétaux qui nécessitent l’utilisation d’infrastructures ;
- le positionnement de chaque infrastructure de la Feuille de route par rapport aux évolutions de la recherche, aux besoins des communautés, aux installations concurrentes, ainsi que les éventuelles interfaces et complémentarités entre infrastructures ;
- les manques potentiels à combler, ainsi que les orientations pour les cinq prochaines années, en essayant de dégager des priorisations et des objectifs en termes d’impact, et en identifiant des nouvelles synergies à développer, en considérant également la soutenabilité budgétaire ;
- les pratiques des infrastructures en matière de science ouverte et de données.
Cette analyse, rédigée par la DGRI après concertation avec les alliances et organismes/ établissements, sert désormais de référence pour expliciter la stratégie de l’État dans le domaine des infrastructures de recherche auprès des autres ministères, des parlementaires, de la Cour des comptes, des organismes de recherche, établissements et communautés de recherche, de nos partenaires étrangers et des institutions
internationales (Commission européenne, OCDE, etc.). Elle pourra éclairer de futurs arbitrages en termes de politique de financement et la sélection de nouveaux projets, en veillant à leur pertinence par rapport à ce cadre stratégique d’ensemble.
Au-delà des services de la DGRI, le renouvellement de la Feuille de route nationale a mobilisé tout un ensemble d’acteurs importants, que je souhaite ici remercier pour leurs contributions essentielles :
- les alliances thématiques nationales de recherche, les organismes et les universités concernés par les infrastructures de recherche, qui ont été consultés au sein de groupes thématiques coordonnées par la DGRI ;
- les infrastructures appelées à candidater ;
- le Haut-Conseil des infrastructures de recherche, qui a été saisi pour éclairer les discussions stratégiques au sein du Comité directeur des infrastructures de recherche que j’ai le plaisir de présider.
Ainsi dotée d’une stratégie renouvelée en matière d’infrastructures de recherche, la France est prête à relever les défis de la recherche et de l’innovation des prochaines années.